Boycott Avril 2018 au Maroc

Analyse et conclusions

L’analyse de la campagne a permis d’établir qu’il s’agit d’une campagne de désinformation hiérarchisée, donc orchestrée par des intérêts spécifiques, et en aucun cas spontanée. Des moyens importants et un fort niveau de professionnalisme, incompatibles avec une mobilisation de nature militante ont été mis en œuvre : hackers, pages anonymes, astroturfing, bots… mais également financiers (environ 5 000 000 de dirhams de budget d’achat d’espace, effectifs mobilisés…). Le boycott d’avril n’est pas un mouvement spontané. Il a été prémédité et a utilisé des moyens professionnels, sur le plan technique et narratif. Il n’est donc pas le fait d’individus isolés et ne reflète pas un véritable engouement populaire : il s’agit d’une authentique campagne de manipulation de l’information qui a frappé le Maroc. Avec la venue des élections législatives en 2021, il semble que le réseau cherche à établir des liens puissants avec la population afin d’influer sur le résultat des élections, comme cela a été tenté, aux États-Unis, en France, en Allemagne et beaucoup d’autres régimes démocratiques dans le monde. Ce réseau activiste est en forte expansion, et reste capable dans un temps très court de déstabiliser tout un pays.

Source EPGE

Les acteurs publics face au citoyen 2.0

Les 3 risques à éviter

1. L’abscence :La question « doit-on aller sur les réseaux sociaux » n’a pas de sens, puisque les acteurs publics, qu’ils le veulent ou non, y sont déjà ! Chaque jour des citoyens laissent des avis, parlent de leur quotidien, des politiques publiques,etc. Il est préférable de débattre sur son propre terrain en gérant ses prises de parole. C’est en ignorant les réseaux sociaux qu’on prend le risque de ne plus rien maîtriser.

2. L’improvisation: Aller sur les réseaux sociaux « parce qu’il faut y être », pour « faire du Facebook », est un non-sens absolu. Une politique de communication publique cohérente et efficace sur les réseaux sociaux est totalement incompatible avec l’improvisation ou la navigation à vue.

3. Le choc culturel: Le manque d’ouverture, l’absence de réactivité, de préparation face aux crises ou aux trolls, ou encore un ton inadapté se traduiront, par un manque d’audience et pourront exposer certaines structures publiques à un violent effet boomerang. Le web social est en effet un univers qui a généré son propre langage et qui a généré ses propres règles, ses codes et ses pratiques, qu’il est indispensable de connaître sous peine de ne jamais y trouver sa place.